Cultiver la fraternité

Par Mgr Sosthène, partenaire au Cameroun

Vous faites l’expérience concrète, dans votre diocèse, de la coopération entre Églises du Nord et du Sud. Pourquoi avons-nous besoin les uns des autres ? Quelle est la fécondité de cette rencontre ?

Mgr Sosthène – Avoir besoin les uns des autres est d’abord une dimension de notre être de chrétiens, de notre « être homme ». Nous savons depuis la Création que Dieu n’a pas voulu que l’homme soit seul. Et l’homme ne peut trouver une aide qui lui convienne, si ce n’est un autre être humain. Notre Dieu s’est révélé à nous dans une dimension relationnelle, que nous découvrons dans la Trinité. En Afrique, nous avons cette belle notion de l’Église famille. Il y a une dimension de fécondité intense dans cette communion ecclésiale. Certes, la communion est d’abord verticale, dans la dimension trinitaire, entre Dieu et nous. Mais elle a aussi une dimension horizontale, qui est indispensable. Les deux sont en relation : la dimension de communion verticale et la dimension de communion horizontale. L’autre apporte toujours une richesse, l’autre m’apprend toujours quelque chose ; l’autre est le visage du divin, le visage de Dieu.

Mgr Sosthène

Quelles sont les attitudes du cœur à cultiver pour que cette rencontre entre deux cultures soit source de transformation et d’enrichissement mutuel ? 

Mgr Sosthène – À mon avis, le dialogue est indispensable dans la croissance. Cette croissance qui est d’abord interne nécessite, implique, que je sois d’abord conscient que je n’épuise pas la connaissance, et que l’autre peut m’apporter quelque chose. Il faut donc un certain abaissement et un certain réalisme. Au-delà même de l’abaissement de l’humilité, il y a le réalisme qui consiste à prendre conscience que l’autre m’apporte toujours quelque chose. Les volontaires Fidesco qui découvrent une autre culture peuvent se dire : « Ma culture est immensément riche, elle est merveilleuse, mais l’autre a aussi une culture avec ses richesses. Je peux m’enrichir, en apprenant de l’autre, en m’ouvrant à l’autre, en étant attentif à l’autre. Je peux m’enrichir en identifiant dans la culture de l’autre les éléments qui, peut-être, correspondent à l’Évangile, ou tout simplement les éléments d’émerveillement, d’enrichissement. »

Qu’est-ce que les volontaires apprennent des Camerounais et de l’Église camerounaise ?

Mgr Sosthène – Je crois que c’est une question à laquelle les volontaires eux-mêmes sont les mieux disposés à répondre ! Ce que je sais, c’est qu’ils découvrent la différence, ils découvrent l’autre. Et du Camerounais on apprend l’accueil, la spontanéité dans l’accueil. Je dirais même qu’on apprend l’absence de cette réserve qui caractérise la culture occidentale – culture intellectuelle et même, à la limite, intellectualiste. Au contact des Camerounais, les volontaires découvrent aussi une nouvelle dimension du temps : ils sortent de l’approche frénétique de la réalité que l’on peut connaître en Occident. Ils découvrent enfin un autre type de vie de foi : nous avons une dimension célébrative qui nous est propre. Je les vois aimer les messes au Cameroun… qui sont peut-être un peu longues, mais qui sont des messes vivantes, porteuses de la dimension intellectuelle, mais aussi émotive et célébrative : et c’est tout cela qui fait l’être humain ! C’est une approche intégrale, holistique, de la réalité. L’Église au Cameroun est une Église jeune, dynamique, colorée. Quand je parle de couleurs, je veux parler des sonorités musicales folkloriques, mais aussi du dynamisme de la liturgie, de la jeunesse dans les célébrations. Les volontaires découvrent donc une Église jeune, mais aussi une Église en croissance, qui se cherche.

Qu’apportent-ils de spécifique ?

Podcast

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