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Accueillir les oubliés | Père Amyot d’Inville

Tanjomoha

Le Foyer de Tanjomoha

Tanjomoha, aux abords de la petite ville de Vohipeno, sur la côte sud-est de Madagascar, se présente comme un petit village aux multiples bâtiments disséminés dans un beau cadre verdoyant. Mieux qu’un village, c’est une oasis où se pressent les pauvres, les handicapés, les enfants abandonnés, les malades mentaux, les parias… bref, tous ceux qui peinent, sans plus d’espoir, dans ce monde trop dur auquel ils sont confrontés. Ils savent qu’en y venant, ils seront accueillis, soi­gnés, éduqués avec compétence et amour, et qu’ils repartiront dans la vie avec des forces neuves et une espérance renouvelée.

Entretien avec notre partenaire à Tanjomoha, le père Amyot d’Inville, qui a accepté de nous en dire plus au sujet du foyer et de l’espérance qu’il porte.

Quelle est la genèse de ce foyer accueillant les oubliés des oubliés ?

Ce Foyer a été fondé en 1986 par le père Vincent Carme, mission­naire lazariste français. C’était une âme de feu, un apôtre de la charité qui voulait vivre l’Evangile jusqu’au bout et qui a consumé toutes ses forces au service des plus pauvres. Sans cesse inspiré par son maître spi­rituel, saint Vincent de Paul, il était débordant de bonté et il cherchait à remédier à toutes les détresses. C’est pourquoi il a fondé, en 1986, le Foyer de Tanjomoha où il a vécu pendant 14 ans. Puis, il a terminé sa vie missionnaire au milieu des villages de parias Antemanaza, situés en aval de la rivière Matitanana, à 8 et 12 km de Tanjomoha. Il s’y était fait construire deux modestes cases en bois, couvertes de palmes, pour y résider et une petite chapelle, également en végétaux locaux, pour y prier avec les gens. Il est décédé le 27 août 2016 à Paris.

Pour ma part je suis arrivé à Tanjomoha en août 1999, pour prendre sa suite, à l’appel de mes supérieurs Lazaristes. Je voulais continuer son œuvre, dans le même esprit, en me mettant au service des plus pauvres.

Dans un pays comme Madagascar, quelle place est donnée aux personnes malades, handicapées, etc. ?

À Madagascar les personnes malades ou handicapées sont à la charge complète des familles car tous les soins sont payants. C’est pourquoi les jeunes handicapés constituent bien généralement une lourde charge pour leurs familles, souvent démunies, qui parfois les rejettent. Les parents ne peuvent subvenir aux dépenses du traite­ment du handicap de leurs enfants ni à leurs études. Souvent non scolarisés, ils restent à la maison, sans mobilité ni compétence, assis à ne rien faire dans leur case, sans avenir. Ou alors ils mendient pour tenter de subvenir un peu à leurs besoins.

Il fallait les aider à s’en sortir et nous le faisons, d’une part, par le traitement du handicap au moyen des opérations orthopédiques, de la rééducation, de la fabrication de matériel orthopédique (chaussures, attelles, prothèses, cannes, etc.) et d’autre part, par l’éducation : ils apprennent un métier (couture ou menuiserie), ou ils poursuivent des études secondaires ou même supérieures.

La situation des malades est à peu près semblable car les soins sont payants (à la seule exception des médicaments contre la tubercu­lose), or beaucoup n’ont pas assez d’argent pour se soigner. C’est la raison pour laquelle notre dispensaire ainsi que nos centres de santé spécialisés (centre antituberculeux avec hé­bergement, CRENAM pour la malnutrition infantile et centre de santé mentale) sont à peu près gratuits.

Quels enseignements tirez-vous de votre quotidien auprès de ces oubliés ?

On apprend beaucoup au contact des derniers de la vie qui ont le cou­rage de lutter dans l’adversité pour vivre, ou plutôt survivre au jour le jour, et qui gardent malgré tout l’espérance d’un avenir meilleur.

Je les admire souvent, eux qui savent se satisfaire de si peu de choses, se réjouir d’un rien, sourire en tout temps, et même chanter et dan­ser jusqu’à en oublier leur misère.

Je les admire, eux qui savent aussi partager avec plus pauvres qu’eux, lorsqu’un malheur frappe à la porte ou qu’une catastrophe naturelle, inondation ou cyclone, survient à l’improviste. Je les admire, eux qui savent prier avec ferveur, se confier à Dieu et le remercier en tout temps, au cœur de leur détresse. Je constate aussi à quel point la foi et la prière sont pour eux source de paix, de force et de joie.

Quelle espérance vous apporte cette mission ?

Cette mission à laquelle le Seigneur m’a appelé est pour moi source d’une grande espérance, car je vois qu’une vie nouvelle est possible pour des gens dont l’avenir semblait complétement bouché. Ceux que l’on considérait comme les derniers de la société vont enfin pouvoir travailler et vivre de leur travail, fonder une famille digne et s’engager dans la société et dans l’église pour y prendre leur place de façon responsable. Madagascar a été la plus grande grâce de ma vie sacerdotale et je remercie le Seigneur de m’y avoir appelé pour y vivre l’Évangile et l’annoncer aux plus pauvres par les œuvres de cha­rité.

 

Pour en savoir plus, écoutez le podcast de Gwenaël, ancien volontaire à Tanjomoha !

Podcast

Nos anciens volontaires replongent dans leurs souvenirs le temps d’un épisode de podcast à écouter au fond d’un canapé, dans les transports, en cuisine ou ailleurs… À cœur ouvert, ils témoignent de leur mission professionnelle à l’autre bout du monde. Ils vous livrent leurs joies, leurs difficultés mais aussi leurs enseignements. En bref, ils vous racontent tout sur la mission !

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