RD Congo : le pays de tous les possibles

Arnaud et Hélène, originaires de Bertaucourt-Epourdon (Aisne), sont arrivés il y a tout juste un an à Lubumbashi, en République Démocratique du Congo. Ils ont rejoint le collège technique MWAPUSUKENI, tenu par la communauté des Jésuites, présente sur place depuis 7 ans. Ils nous livrent aujourd’hui les détails de leur mission.

En quoi consistent vos missions ?

Hélène et Arnauld : Je suis adjointe au secrétariat et j’apporte mon soutien à la formation en calligraphie pour les classes de 7ème et 8ème. Arnauld, lui est coordinateur des ateliers techniques ouverts au public. Il a en charge une équipe de 7 personnes. Il gère également l’approvisionnement et les stocks des ateliers et celui des professeurs pour l’enseignement technique des élèves.

Comment s’organise le collège technique ?

Hélène et Arnauld : C’est un collège technique regroupant les filières mécanique auto, construction métallique et électronique industrielle. C’est un collège mixte de 794 élèves allant de la 7ème à la 6ème année secondaire soit 6 ans. Une fois le diplôme d’Etat en poche, les élèves entrent à l’université – parfois même à l’étranger. « Toujours viser l’excellence » est la devise du collège, le mot d’ordre de cette année est « tous en alerte par un travail assidu dans la discipline ». La rigueur est donc de mise ! Mais avec beaucoup de bienveillance et d’attention envers les plus faibles, le but étant de les accompagner toujours plus haut. Du côté des ateliers, dédiés à la pratique des élèves, une partie est ouverte au public. Trois mécaniciens automobile, un soudeur et un électricien sont employés à l’année, ainsi que deux stagiaires. Les ateliers ont pour objectif d’assurer le développement du collège.

Quel est le défi local auquel vous répondez par votre présence ?

Hélène et Arnauld : Apporter nos connaissances et notre savoir-faire. Le père Max souhaitait également avoir 2 personnes de confiance pour la perception des frais (côté secrétariat) et la gestion financière du côté des ateliers. Les tentations de corruption sont parfois présentes. C’est un GRAND défi pour le collège !

Au contact des jeunes que vous côtoyez et formez, qu’avez-vous appris ?

Hélène : J’ai appris à ne rien lâcher. Je m’explique : les jeunes vivent dans des conditions parfois difficiles et ne se plaignent jamais ! une belle leçon de vie, ne croyez-vous pas ?! Souvent, je vois des élèves en classe avec un cathéter à la main, et, une fois l’école finie, il retourne à l’hôpital pour l’injection journalière.

Dans cette mission, qu’avez-vous compris du rôle d’éducateur ?

Hélène : L’un de mes élèves, NDJEKO BEN NDEKO, n’avait jamais ses affaires. Souvent distrait, il ne s’intéressait absolument pas au cours, ce qui engendrait de très mauvais résultats. J’avais fini par le laisser de côté… Mais un jour, j’ai reçu sa maman, qui était complétement désespérée. Elle ne savait plus comment aider cet enfant, son seul fils, alors qu’elle se sacrifiait pour lui payer ses études. Elle m’a suppliée de l’aider ! A ce moment-là, j’ai pris conscience de l’importance de l’éducation et de l’avenir de ses enfants aux yeux de leurs parents qui n’ont jamais pu étudier.

Arnauld : J’apprends à faire avec ce que l’on a, aussi bien en matériel qu’avec les hommes et les femmes que je côtoie. Il m’arrive souvent d’arriver le matin, et de découvrir l’absence d’un mécanicien qui ne m’avait pas prévenu… sûrement pour une raison importante dont j’ignore les motifs. Heureusement il reviendra le lendemain. Sans tout comprendre des situations j’apprends donc à lâcher prise.

Quelle a été votre plus grande surprise au collège face aux défis de ces jeunes ?

Hélène et Arnauld : Pour un lycée technique sur 794 élèves, 150 seulement sont des filles. Elles sont bien souvent les meilleures ! Grâce, l’une d’entre elle, était stagiaire au garage à mon arrivée. Mais très vite, les coutumes locales l’ont rattrapée, et elle a quitté ses études pour le mariage.

Quelles compétences avez-vous développé dans vos missions respectives ?

Hélène : L’écoute et la confiance en moi !

Arnauld : L’écoute, le recul et l’adaptation.

Quelle est votre plus grande joie sur place ?

Hélène : Être au contact de ces jeunes, les motiver et les encourager. Car ce sont eux l’avenir de la République Démocratique du Congo. J’ai peut-être pu y contribuer, ne serait-ce qu’une petite goutte dans cet océan de besoins éducatifs, mais c’est déjà pas mal ! En tout cas je suis très motivée pour continuer à me donner !

Avez-vous une anecdote relative à votre mission au collège à partager ?

Arnauld : Aux ateliers, la fabrication des lave-mains anti-covid nous a permis de faire connaitre le collège dans toute la ville, mais aussi et surtout à faire travailler les employés en équipe. Ce qui nous a apporté une commande de 200 pièces ! L’équipe des ateliers, sans que je dise quoi que ce soit, s’est mise à travailler, tous main dans la main, pour tenir les délais. Croyez-moi : la République Démocratique du Congo est le pays de tous les possibles !

Podcast

Nos anciens volontaires replongent dans leurs souvenirs le temps d’un épisode de podcast à écouter au fond d’un canapé, dans les transports, en cuisine ou ailleurs… À cœur ouvert, ils témoignent de leur mission professionnelle à l’autre bout du monde. Ils vous livrent leurs joies, leurs difficultés mais aussi leurs enseignements. En bref, ils vous racontent tout sur la mission !

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