Les fruits de la mission

Par Inès et Foucauld

Martin et Inès en mission à Chikowa en Zambie

CHIKOWA - ZAMBIE

Fin de mission

Il nous faudrait non pas un an pour comprendre la culture zambienne, mais une dizaine d’années. Après un an, nous n’avons été que spectateurs d’une culture si éloigné de la nôtre. Nous avons découvert les beaux aspects, mais aussi les points de divergence entre nos deux cultures. Nous avons été intrigués par certaines façons de faire, de penser, les coutumes et les modes de pensées sont bien différents. Mais en creusant un peu, en allant dans les villages, en discutant, au fil du temps les Zambiens nous ont laissé peu à peu l’opportunité de découvrir plus en profondeur l’essence même de leur culture et de leurs modes de vie. Ils nous ont laissé entrer chez eux, ils nous ont montré leurs joies et leurs peines. Nous pouvons maintenant poser des réponses sur nos étonnements du début. Mais pourquoi ils ne construisent pas des maisons plus grandes alors qu’ils en ont la possibilité ? Pourquoi ils ne prévoient pas l’avenir ? Pourquoi certaines personnes volent ? Pourquoi ? Pourquoi ? Un an de mission, c’est trop court pour répondre à tous ces « pourquoi ? » mais suffisant pour nous sentir déracinés de notre culture. On sait que le retour sera pour nous un autre défi à vivre, mais nous garderons en mémoire toutes ces rencontres et ces moments passés ici.
La vie dans les villages est l’une des choses marquantes que j’ai pu vivre ici. Ces villages sont tellement reculés que l’on a l’impression de revenir à des centaines d’années avant, un puits et quelques maisons où vivent animaux et humains. Nous avons perdu ces moments de simplicité et de vie de village dans notre société occidentale. Les murs, les haies de jardin nous privent petit à petit du contact avec nos voisins. Ici pas de haies, pas de murs, les maisons sont toutes grandes ouvertes, tout le monde se connaît et partage les joies et les peines. Ce qui me marque également, c’est la sagesse et le calme avec lequel les Zambiens vivent, ils ne sont pas inquiets des dangers, des maladies, ils se contentent de vivre au jour le jour et ne s’inquiètent pas de l’avenir. Une belle leçon d’humilité et de détachement des choses.
Martin et Inès en mission à Chikowa en Zambie

Rencontre de Binala

En parlant de rencontre, en voilà une. Nous avons eu la joie un dimanche midi de découvrir la maison d’un de nos employés Binala. En arrivant sur place dans un petit village au bord d’une route de terre, nous apercevons au loin sa petite maison. Devant celle-ci, nous apercevons tous les enfants et neveux de Binala assis sur le porche de la maison dans l’ordre de taille nous regardant tous avec un grand sourire aux lèvres. C’est une toute petite maison faite de briques et de taules. À l’intérieur, une seule pièce à vivre de la taille d’une salle de bain et deux petites chambres cachées par un simple drap suffisent pour faire vivre toute cette famille. Les enfants vivent ensemble dans la chambre, ils partagent leur nuit avec les gros sacs de maïs et les autres provisions entassées dans la pièce pour tenir jusqu’à Noël prochain.

Une vie précaire, simple et incroyablement joyeuse aussi. Dans la pièce principale, il y a la une unique table et quatre chaises au centre de celle-ci. Au-dessus de cette table, on y retrouve tous les gobelets des enfants attachés en grappe au-dessus de notre tête. Dans un coin de la pièce, une vieille couverture d’un magazine chrétien a été arrachée pour en faire un cadre. C’est une image de Marie, elle est là comme pour nous dire : « Ici, c’est chez moi, et ce sont mes amis. ». Derrière cette image, une vielle banderole de Fidesco est cachée, sûrement d’anciens volontaires qui l’ont offert à la famille. On prend un instant pour réaliser ce qu’il nous arrive, cette rencontre est formidable. Après que la femme de Binala ait fini de cuisiner la célèbre Ncima dans la cuisine extérieure, nous passons à table uniquement avec les adultes. Dehors, il fait chaud, les enfants attendent que nous finissions notre repas avec Binala pour aller danser avec nous au son du « tam-tam ».

Nous sommes reçus comme des rois, ils nous lavent les mains avec une petite bassine et nous entamons le repas en faisant des petites boules de Ncima au creux de la main. Le repas est simple, accompagné de haricots rouges et d’une bouillie de courge un peu croustillante et sableuse qui ressemble à de la viande hachée. Il faut être à l’aise avec les silences, car les discussions sont très simples, aucun de nous ne parle correctement Nyanja, donc nous nous contentons de manger silencieusement notre plat en regardant attentivement notre hôte avec son grand sourire, ravi de notre venue. À la fin de notre repas, les enfants impatients de jouer avec nous, nous attendent juste derrière la porte. Binala sort son tam-tam et commence à chanter la chanson « Caterpillar, POUM, Caterpillar, POUM ». Les enfants s’étaient noués pour l’occasion des « Chitenge » (drap local) à la ceinture pour pouvoir danser correctement et bouger leurs popotins au son du tam-tam ! Tout le monde rigole, certains enfants s’intéressent aux longs cheveux d’Inès et commencent à nous faire une séance de coiffeur et d’époussetage. Binala nous fait ensuite visiter son petit village, on passe serrer la main de chaque voisin qui était en train de faire la sieste à même le sol sous un arbre et nous finissons l’après-midi par un traditionnel foot de rue improvisé avec une balle artisanale faite maison par les enfants du village.

La vie dans les villages est l’une des choses marquantes que j’ai pu vivre ici. Ces villages sont tellement reculés que l’on a l’impression de revenir à des centaines d’années avant, un puits et quelques maisons où vivent animaux et humains. Nous avons perdu ces moments de simplicité et de vie de village dans notre société occidentale. Les murs, les haies de jardin nous privent petit à petit du contact avec nos voisins. Ici pas de haies, pas de murs, les maisons sont toutes grandes ouvertes, tout le monde se connaît et partage les joies et les peines. Ce qui me marque également, c’est la sagesse et le calme avec lequel les Zambiens vivent, ils ne sont pas inquiets des dangers, des maladies, ils se contentent de vivre au jour le jour et ne s’inquiètent pas de l’avenir. Une belle leçon d’humilité et de détachement des choses.

Martin et Inès en mission à Chikowa en Zambie

Les sources chaudes

Avant de partir, nous sommes retournés aux sources chaudes. À chaque fois, nous avons l’impression de vivre comme dans une émission « Arte, voyage en terre inconnue ». Ici, il y a le coin femme et le coin homme. Tandis que Foucauld et Antoine vont dans leur coin, j’arrive seule au coin des femmes. « Azungu, Azungu » (le blanc, le blanc) sont les mots que j’entends au loin et l’agitation se fait sentir. Je sens tous les regards braqués sur moi, les femmes remettent leur chitenge et les enfants accourent. Je descends tranquillement vers les sources, et m’assieds sur la roche. Nous avions adopté cette attitude la dernière fois avec Foucauld. Je reste donc là silencieuse et souriante à les observer. Ici, c’est le rendez-vous des femmes, car les sources ont une utilité multiple. Elles s’en servent pour prendre un bain, laver la vaisselle, nettoyer les habits et repartir avec de l’eau pour boire.

Au bout de quelques minutes, les femmes reprennent leurs activités, pendant que les enfants et les adolescentes s’approchent doucement de moi. Il suffit que je me retourne pour qu’ils repartent en courant, à moitié effrayé en riant. Quelle joie, quelle innocence dans ce moment suspendu. Arrivé proche de moi, j’essaye de parler anglais, mais aucune ne peut me répondre. Alors j’apprends par des signes le Nyanja. « Pono » me disent elles en me montrant le nez. Et nous continuons pendant quelques minutes. C’est joyeux et nous rions de nos prononciations respectives. Certaines viennent me toucher les cheveux, intriguées par cette matière lisse qui ne leur est pas familière. En les observant, je remarque leurs dents et leurs habits en mauvais état. Malgré cela, la joie éclate à tout instant, elles ne cessent de rire, et de plaisanter entre elles. Elles repartent chez elles avec un seau de 20 litres sur la tête et par-dessus une bassine pleine de vaisselle propre. La force des femmes zambiennes me laisse sans voix. Je crois avoir vécu un des instants de bonheur intense qui marque une vie, au milieu de ce groupe de filles. Je repars rejoindre Foucauld le sourire aux lèvres, convaincue encore une fois que dans la pauvreté la plus extrême, on rencontre des joies immenses.

Martin et Inès en mission à Chikowa en Zambie

Podcast

Nos anciens volontaires replongent dans leurs souvenirs le temps d’un épisode de podcast à écouter au fond d’un canapé, dans les transports, en cuisine ou ailleurs… À cœur ouvert, ils témoignent de leur mission professionnelle à l’autre bout du monde. Ils vous livrent leurs joies, leurs difficultés mais aussi leurs enseignements. En bref, ils vous racontent tout sur la mission !

Un nouvel épisode disponible chaque mois sur toutes les plateformes d’écoute, n’hésitez pas à vous abonner et à partager notre podcast pour diffuser la joie de la mission ! 🕊

“Plus ça paraîtra normal pour nous, plus ça sera naturel pour nos enfants.” C’est avec cette conviction que Bruno et Céline ont préparé leurs deux...
Et si la mission était un nouveau départ ? C’est ce qu’a vécu Mathilde au Brésil. Au cœur de la crise du Covid, elle a...
Quand Flore et Sarah s'envolent en binôme pour la Thaïlande, elles ne se connaissent presque pas. Mais très vite, elles font leurs premiers pas dans...

Témoignage spécial Famille en direct le 9/12 !

Soirée témoignage spéciale Famille en direct sur Youtube le 9/12