Depuis plusieurs semaines j’expérimente une très grande joie dans des aspects de la mission qui m’étaient jusqu’alors difficiles. L’une des difficultés est par exemple l’exigence d’un emploi du temps chargé, où plusieurs jours de la semaine, de 5h30 à 21h30, les activités s’enchaînent. Jusqu’alors je quêtais, j’attendais les temps libres où je pourrais enfin faire ce que bon me semble et me reposer. Alors que je travaillais avec les étudiants je pensais déjà à ce temps où je pourrais enfin quitter le soleil brûlant et l’air suffocant pour la fraîcheur d’un espace climatisé. Où je pourrais aussi quitter l’effort nécessaire pour comprendre et parler une autre langue et la présence qu’exige l’éducation des jeunes qui me sont confiés.
Au fond mes choix étaient énormément orientés vers moi. Bien sûr j’étais là, présent pour les étudiants, mais quand je pensais ce que j’allais faire, je pensais « Je ». Quand j’étais libre, je pensais « Je ».
J’ai observé que souvent ce « Je » me faisais faire de mauvais choix. Et finalement les temps de joies n’étaient pas ces temps quêtés mais le temps passé avec l’autre.
J’ai alors décidé de faire un exercice dans lequel chacun de mes choix, autant que je le pouvais, ne serait pas orienté vers moi mais vers l’autre.
Concrètement, au lieu de me dire : « Cet après-midi est libre, que vais-je faire ? » j’ai pu par exemple orienter mon choix en pensant : « Cet après-midi est libre, comment vais-je pouvoir faire quelque chose pour les étudiants ? ». Autre exemple, chaque soir, après le dîner, nous avons un temps de récréation avec les étudiants. Je peux transformer ma pensée : « fatigué, je vais aller voir un étudiant que je connais bien et qui parle anglais » en « Il y a certains étudiants que je connais encore peu (surtout ceux qui ne parlent pas anglais) et ils ont autant besoin de ma présence que les autres ».
C’est un exercice des plus simples. Et j’ai senti naître en moi une grande excitation. Une force nouvelle. Quelque chose qui ne devait pas rester à l’intérieur mais qui devait déborder. Peut-être un amour qui cherchait à s’exprimer. Penser, poser, puis réaliser ces choix faisait naître une joie insoupçonnée. Mais plus que la joie, qui n’est pas ce que je cherchais par cette expérience, je me suis senti à ma place. En comparant les choix orientés vers moi et les choix orientés vers mon prochain j’ai vu la laideur et la beauté. Et c’est la beauté qui m’attirait.
Podcast
Nos anciens volontaires replongent dans leurs souvenirs le temps d’un épisode de podcast à écouter au fond d’un canapé, dans les transports, en cuisine ou ailleurs… À cœur ouvert, ils témoignent de leur mission professionnelle à l’autre bout du monde. Ils vous livrent leurs joies, leurs difficultés mais aussi leurs enseignements. En bref, ils vous racontent tout sur la mission !
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