Une autre histoire du temps

Par Clotilde

Avrankou - Bénin

Avrankou - Bénin

"Tu es béninoise !"

Que le temps file ! Nous voici déjà à 9 mois d’aventure à l’heure où je vous écris ! J’essaie de ne pas trop regarder la ligne d’arrivée, ce n’est pas un marathon, mais je ne vous cache pas que l’émotion me submerge de temps en temps à cette idée !

Pourtant, dans ces tribulations bien propres à nous autres « Blancs » de toujours nous projeter plus loin que là où nous sommes, mes amis m’aident à m’ancrer toujours plus dans le présent. Ce quotidien qui m’est de plus en plus familier et me fait goûter à beaucoup de fous-rires et de joie partagés !

En un mot : « tu es béninoise » me dit maman Bo qui vend en bas de chez nous ! Bien sûr, cela ne m’a pas échappé que je suis toujours aussi blanche (presque pas bronzée !), que mon déhanché fait toujours mourir de rire les enfants quand je danse, et que mes talents linguistiques ne me permettent toujours pas de vous parler de la pluie et du beau temps en gon. […]

On se comprend

Mon travail d’animation au sens large a continué et me passionne ! Rentrer dans ce métier, et essayer de percer le fonctionnement de ce petit monde du centre a été un beau défi, en plus de la psychiatrie et du pays ! Ce sont les malades qui m’ont les premiers adoptée avec une immense générosité. Le personnel soignant aussi. Mais nous nous sommes apprivoisés plus doucement, comme le Petit Prince et son renard.

J’ai pu être très impatiente de vouloir avoir l’adhésion de tous et travailler main dans la main avec eux. Mais comme le dit la chanson d’un chanteur célèbre au Bénin, « le second nom de Dieu, c’est le temps » (DJ KEROZEN). Aujourd’hui, « on se comprend » me dit Vivianne la gestionnaire et les choses qui me paraissaient des montagnes semblent si faciles maintenant. […]

Il faut se battre...

« Il n’y a pas l’argent, il faut se battre ». Oui, mais cela nous rend très sceptiques lorsque nous nous rendons compte qu’un enfant [du centre de Dangbodji] n’ose plus poser de question de peur de se faire battre. À l’école ou à la maison…

Face à cette pauvreté comment réagir ? … Un jour, rentrant de la messe la nuit tombante nous croisons Eric qui travaille au centre comme archiviste. Il insiste pour que nous mangions avec lui et sa femme qui a fait du « riz au gras ». AH ! J’étais si fatiguée de notre longue messe et je n’avais qu’une envie, c’était de rentrer dans notre petit nid douillet pour me reposer tranquille. « On ne peut pas refuser » me glisse Ombeline. Elle avait raison. Eric vit dans un deux pièces à côtés d’autres petites habitations. Tout est propre avec les bons soins de Léontine. Eric est fière de nous servir et de nous montrer chez lui. Ce repas est simple et je suis touchée par cet accueil rempli de la joie de nous avoir chez lui. C’est cela que j’ai appris. Ne pas tendre la main par en haut au pauvre. Lui laisser l’opportunité de me donner quelque chose. Être à la même hauteur que lui. Dans notre monde confortable nous voulons bien aider. Mais nous voulons tellement avoir « la paix » que parfois nous ne daignons pas regarder ce que le pauvre veut nous donner de grand.

Podcast

Nos anciens volontaires replongent dans leurs souvenirs le temps d’un épisode de podcast à écouter au fond d’un canapé, dans les transports, en cuisine ou ailleurs… À cœur ouvert, ils témoignent de leur mission professionnelle à l’autre bout du monde. Ils vous livrent leurs joies, leurs difficultés mais aussi leurs enseignements. En bref, ils vous racontent tout sur la mission !

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