En quoi consistait spécifiquement votre mission ?
– Notre mission consistait à sensibiliser sur les sujets liés à l’environnement ; principalement à travers l’entretien d’une plantation en milieu désertique et la mise en place de projets de traitement des eaux usées, recyclées pour pouvoir verdir les pentes arides de la ville de Manchay. En parallèle, nous proposions différentes actions de sensibilisation : un concours de recyclage annuel entre les écoles de la ville, des ateliers pour les enfants, des rencontres en quartier et un soutien technique pour leurs plantations, un circuit de récupération des déchets dans les quartiers les plus éloignés. Tous les deux mois, l’évêque responsable de notre mission proposait au réseau de ses différentes œuvres de se rencontrer pour une journée de partage sur le sujet de l’écologie intégrale et les actions concrètes que nous pourrions mener ensemble.
Comment votre expérience sur le terrain a-t-elle influencé votre compréhension de l’écologie intégrale ?
– Au Pérou, la population a un rapport à la nature et à la Pachamama (la Terre Mère) ancestral et bien ancré dans les mentalités. Le pays étant encore peu industrialisé et les routes d’accès encore insuffisantes, le contact avec la nature est plus direct. Les personnes rencontrées parlent souvent de l’équilibre essentiel entre le respect de la nature, le respect de ce que l’on mange et de son environnement pour une vie meilleure. Malheureusement le flot de biens de consommation, venus d’Europe ou de Chine, pervertit progressivement ce lien et l’harmonie naturelle des choses.
Avez-vous rencontré des défis spécifiques liés à l’écologie intégrale dans le contexte de votre mission ?
– Le défi n’est pas tant de changer les choses mais plutôt de rappeler les gens à un certain bon sens, de nous le rappeler tous. Il s’agit avant tout d’inciter la nouvelle génération à prendre, dès le départ, des bonnes habitudes : recycler bien sûr, mais avant tout, utiliser moins de plastique ; acheter moins certes mais apprendre à réparer plutôt que jeter, etc… un défi qui nous concerne tous.
Quelles leçons avez-vous tirées de l’interaction avec la culture locale en matière d’écologie ?
– Nous avons expérimenté au quotidien l’importance d’une cohérence dans nos vies. Certaines personnes que nous avons côtoyées, et qui sont pour nous de vrais héros de l’ombre, ont su discerner le lien à établir entre leurs préoccupations personnelles et familiales, le souci de la communauté, une alimentation équilibrée et une vie de Foi profonde. Ce sont ces personnes, souvent des femmes et mères de
famille, qui font changer les choses en profondeur. Ce sont elles qui se sont mobilisées pendant les deux années de grande précarité liée au Covid pour mettre en place des cuisines populaires dans chaque quartier ; cuisines qui sont devenues peu à peu, outre un moyen de survie, un vrai lieu de vie, de partage et d’éducation.
Comment votre engagement au Pérou a-t-il influencé vos perspectives personnelles sur la durabilité et la responsabilité environnementale ?
– Notre engagement au Pérou n’a fait que renforcer un discours moderne bien ancré qui nous fait dire que chacun peut agir et doit agir et qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Certes. Mais il nous a également permis de mettre en exergue deux points :
• L’importance d’une véritable éducation, ici comme ailleurs, sur les bonnes habitudes à prendre au quotidien pour un plus grand respect du monde qui nous environne. Recycler et manger sainement mais aussi prendre le temps de saluer son voisin, savoir l’écouter, échanger et partager avec les autres. Les deux sont interconnectés et c’est là où nous avons tous besoin d’être et de continuer à nous former.
• Le défi de faire se coïncider le discours très vertueux et les réalités du terrain. Lorsque les gens vivent, comme à Manchay, sans accès aux services publics, avec une citerne d’eau par semaine, un système politique passablement corrompu et peu de perspectives d’avenir pour leurs enfants, le discours doit s’adapter. Recycler, c’est bien et c’est bon pour la planète, mais si le temps passé à trier permet de le revendre et de se faire un peu d’argent, c’est mieux ! Un président de quartier avait eu cette idée facile et merveilleuse de faire payer aux enfants l’accès au stade de sport en bouteilles recyclées. L’entrée valait 2 bouteilles en plastique et l’argent du recyclage allait aux projets de la communauté. L’avenir appartient aux créatifs !
Podcast
Nos anciens volontaires replongent dans leurs souvenirs le temps d’un épisode de podcast à écouter au fond d’un canapé, dans les transports, en cuisine ou ailleurs… À cœur ouvert, ils témoignent de leur mission professionnelle à l’autre bout du monde. Ils vous livrent leurs joies, leurs difficultés mais aussi leurs enseignements. En bref, ils vous racontent tout sur la mission !
Un nouvel épisode disponible chaque mois sur toutes les plateformes d’écoute, n’hésitez pas à vous abonner et à partager notre podcast pour diffuser la joie de la mission ! 🕊