Une entrevue providentielle
par Jean-Baptiste, Principal d’une école technique, Chikowa, Zambie
La prière vaut mieux que tout l’or du monde.
Jean-Baptiste, volontaire en Zambie, en fait l’expérience : alors qu’il traverse de nuit la ville de Lusaka, il est arrêté par des agents de police intraitables.
L’entrevue prend soudain une tournure providentielle…

"Il est 21h30. Dans l’obscurité la plus totale, je reprends le pick-up garé en plein centre de Lusaka lorsqu’une voiture, gyrophare allumé, arrive en trombe derrière moi : pas de doute, c’est la police !"
La situation s’annonce épineuse
La voiture me double dans le rond-point central. A son bord un officier furieux m’ordonne de m’arrêter en plein milieu de la circulation. Il bondit hors de sa voiture en hurlant : « Avez-vous vu ce que vous avez fait ? Vous avez franchi une ligne blanche, vous êtes un dangereux individu ! Je vais vous emmener aux tribunaux ! ». Un autre agent toque à la fenêtre avec insistance puis monte à mes côtés pour m’escorter jusqu’au poste.
La prière…ou le portefeuille ?
Voyant que la situation s’annonce mauvaise, je reste paisible : le Seigneur est avec moi, rien de bien grave ne peut m’arriver. Je prie silencieusement deux Je vous salue Marie en demandant un coup de main de la Providence, puis j’entame la conversation de façon amicale :
» Je m’appelle ‘John the Baptist’, je ne suis pas un touriste, je travaille comme volontaire dans la province de l’est. Je suis de passage à Lusaka. Il est tard, il n’y a aucun éclairage, la voie était absolument vide, je n’ai pas vu la ligne blanche. » Et j’ajoute le fameux ‘Forgive me’ des Zambiens lorsqu’ils sont pris en faute.
L’agent fait mine de ne pas m’entendre. Je lui demande alors son prénom. Étonné, il bafouille puis répond l’air le plus sérieux du monde : « I’m Inspector Sakala », tout en faisant des remarques désobligeantes sur ma conduite.
J’en conclus alors que la carte de la sympathie ne fonctionnera pas avec lui.
Arrivé au commissariat central, Inspector Sakala m’explique que la voiture est saisie. Dans ma tête reviennent les nombreuses histoires de corruption que l’on m’a racontées : Va-t-il en faire autant ? Je lui dis : « On peut sûrement trouver un arrangement. »
Son regard change soudainement, comme s’il attendait impatiemment ce moment puis il ajoute : « Sûrement, propose-moi ! Combien t’as dans ton portefeuille ? »
Vient alors dans mes pensées : « Bon après tout, avec une vingtaine d’euros,
je devrais être tranquille. » La tentation est grande mais je reprends mes esprits :
« Non, je ne vais pas participer à ces magouilles, tant pis si je dois passer la nuit au poste au moins leur manège n’aura pas fonctionné avec moi ! »

Un retournement providentiel...
Je n’en crois pas mes oreilles, ai-je rêvé ? Vient-il de me dire que je pouvais partir ?
« C’est ok ?
– Oui c’est ok. »
Au même moment, le policier furieux du début rapplique, toujours surexcité et visiblement intéressé aussi par la partie.
« Alors, que se passe-t-il, a-t-il payé ? demande-t-il.
– Non c’est bon, je le laisse partir, c’est un missionnaire, il va prier pour moi ! », répond Francis en descendant de la voiture.