Voilà donc qu’après 3 mois et demi à Fianarantsoa, nous mesurons ce qui nous sépare de ces projections d’avant le départ.
Certes, nous la côtoyons cette pauvreté qui retourne le cœur. Elle ne peut se soustraire à notre regard. On les croise partout ces enfants de la cour des miracles, habillés de ces guenilles, dont il est impossible de deviner la couleur originelle, les dents mangées par les caries et les chevelures rousses, autant de symptômes des nombreuses carences dont leur corps souffre. Tous viennent nous demander de l’argent, un morceau de pain, un œuf ; à chaque fois que nous les croisons : leur royaume est entre la rue et le trottoir, dans le caniveau où ils peuvent encore faire le tri dans les déchets ultimes de la ville.
Oui, les statistiques glanées à droite à gauche confirment le constat désastreux d’un peuple éprouvé : 40% de la population actuelle a manqué de l’essentiel dans son enfance, au point d’entraîner des retards de croissance ; l’espérance de vie diminue, le niveau moyen d’instruction également, les réseaux d’infrastructures collectives s’affaissent et même la classe moyenne que nous fréquentons (la majorité des salariés du Vozama) vit d’un salaire inférieur à 2€ par jour.
Mais concrètement, nos activités quotidiennes nous laissent en marge de cette pauvreté visible. Même les enfants de la brousse qui sont les bénéficiaires du Vozama, nous ne sommes pas en contact direct avec eux chaque matin ! C’est un peu frustrant parfois, mais en toute logique, c’est un principe-clé de cette coopération pour le développement qui mobilise d’abord des compétences et non pas seulement de bonnes intentions. Notre mission est ailleurs.